Des écureuils gris à Londres, des perruches à Barcelone ! Quand on se promène dans les rues la capitale catalane, il n’est pas rare de croiser ces jolis oiseaux au plumage vert vif qui sont devenus une des particularités de la ville. Explications.
Plumage vert vif avec quelques touches de bleu, bec rouge, gorge blanche/grise, parfois avec un collier pour la perruche à collier, ces perruches sont devenus les stars de Barcelone en quelques dizaines d’années : dans la rue, sur les places, dans les parcs, vous les verrez très facilement et surtout, vous les entendrez !
Comment se sont multipliées ces perruches à Barcelone ?
Ces drôles d’oiseaux, « Myiopsitta monachus » ou perruches moine, ne sont pas originaires de Catalogne, ils ont été importés d’Amérique Latine, sans doute d’Argentine. Au départ, ils sont arrivés en Europe dans des cages : très intelligents, ils font partie de ces oiseaux qui apprennent très vite à parler… mais qui ensuite, ne savent plus se taire !
La négligence des propriétaires ou la volonté de s’en débarrasser font que ces oiseaux se sont retrouvés libérés dans la nature, dans un environnement plutôt favorable pour eux. L’espèce est extrêmement résistante, avec une capacité d’adaptation incroyable aux variations climatiques puisque l’épaisseur du nid est adaptée selon si les perruches se sont installés en Espagne ou à Chicago dans le nord des États-Unis.
La première apparition documentée des perruches à Barcelone remonte à 1975 dans le parc de la Ciutadella. Depuis, l’espèce a pu se développer allègrement en l’absence de tout prédateur, en trouvant en ville tout ce qu’elle a besoin pour se nourrir ! Aujourd’hui, les chercheurs du Museu de Ciències Naturals de Barcelona estiment que la population de perruches attendrait 5000 individus, un chiffre qui pourrait doubler d’ici 8 ans si rien n’est fait pour contrôler cette croissance.
Une espèce invasive et nuisible
Ces perruches à Barcelone sont cataloguées comme une « espèce exotique invasive« . Il est donc interdit d’en avoir chez soi ou d’en commercialiser. Le rythme de reproduction de ces volatiles argentins est rapide avec des nichées régulières de 5 à 8 œufs et leur longévité favorise leur multiplication. Le mode de vie collaboratif qui existe au sein des communautés leur permet de se défendre des éventuels prédateurs en leur criant de dessus, en construisant de grands refuges collectifs ou en baissant la voix pour ne pas se faire repérer !
Les perruches peuvent également avoir des comportements agressifs envers les autres espèces : ils attaquent les œufs ou les jeunes poussins des autres oiseaux, ce qui peut mener, à terme, à l’extinction des espèces locales.
Pour les agriculteurs, le joli pelage vert de l’oiseau n’atténue pas pour autant son étiquette de nuisible pour leur activité. En effet, les perruches causent d’important dégâts aux cultures en mangeant les fruits ou les bourgeons des fruitiers au printemps, à tel point que le gouvernement de Catalogne a autorisé la chasse de ces volatiles pour en diminuer l’impact.
Pour les habitants des villes, les perruches sont également de vraies nuisances sonores car leur cri strident, proche de celui de la pie est particulièrement fort. Si c’est le fait d’un individu, ça n’est pas dérangeant, mais si vous avez un nid sous votre fenêtre, il y a de quoi attraper des migraines !
D’ailleurs, ces nids sont très surveillés par les autorités locales. Pourquoi ? Parce que l’habitat de ces perruches, partagé entre plusieurs couples, peut peser jusqu’à 100 kg ! Le poids de ces nids est un vrai danger pour les citadins lorsque les arbres sont fragilisés : les branches (surtout des palmiers) peuvent céder et les nids s’écrouler sur la voie publique. De plus, les perruches construisent leur nid sur des lampadaires, des antennes ou tout autre objet qui leur permette d’être en hauteur, ce qui cause d’inévitables dégradations ou dysfonctionnements.
Bref, des perruches qui donnent du fil à retordre !
Comment lutter contre les perruches à Barcelone ?
Lutter contre les espèces invasives en ville est très compliqué, en témoigne l’exemple de Séville, Saragosse ou Israël, confrontés au même problème. Même si dans la région barcelonaise, les battues sont autorisées, à Barcelone, il n’y a pas encore de vraie politique contre la multiplication de l’espèce en ville.
Plusieurs méthodes ont été envisagées :
- La destruction des œufs et des nids mais c’est une méthode qui n’est pas suffisamment rapide pour enrayer le phénomène et surtout, les perruches se déplacent et vont constituer leur nid.
- La capture pour stérilisation : les oiseaux sont tellement intelligents qu’ils arrivent à se cacher à temps.
- Un contraceptif disséminé dans des graines : trop risqué, les autres espèces peuvent ingérer elles aussi les graines.
Séville et Saragosse ont décidé de prendre les armes (à air comprimé) pour lutter contre les volatiles indésirables et protéger leurs espèces locales, avec un franc succès pour la ville aragonaise puisque la population des perruches est passée, en 2 ans, de 1700 recensés à…8 !
À Séville, cette même méthode a été votée, mais n’a pas été mise en œuvre car les associations pour la défense des animaux ont vivement protesté contre la mesure, arguant que ça n’est pas aux animaux de payer pour les erreurs humaines.
Le problème est donc complexe et touche de plus en plus de villes aux Etats-Unis, en France, en Angleterre, au Japon, en Israel, en Australie… À suivre donc !