Barcelona Autrement - Plaques rues - Entrada

Des plaques mystérieuses au cœur de la vieille ville

Vous les avez sans doute remarquées au coin de certaines rues : de mystérieuses plaques « entrada » et « salida » souvent placées à une bonne hauteur au-dessus du nom des rues. Non, ça n’est pas l’œuvre d’un artiste de Street Art, ces éléments urbains nous racontent l’histoire de Barcelone !

Il suffit d’aller se promener dans le district de Ciutat Vella pour les rencontrer. Au cœur de la vieille ville de Barcelone, en levant la tête, on les aperçoit, placées à proximité du nom de certaines rues de ce labyrinthe de fraîcheur. Dans carrer de la Llibreteria, carrer Montcada, Boltres, Fruita, Cometa, et bien d’autres, on les trouve à un bout ou l’autre de la rue, parfois les deux.

Sur ces plaques, on reconnait l’écusson de la ville de Barcelone, un homme au bras levé vers l’avant et dans sa main gauche, les brides d’un cheval. Pour finir, l’inscription « entrada » ou « salida ». Des petites variantes de plaques plus anciennes montrent un cheval tirant une calèche et l’homme tenant un fouet à la main. Même si ces indications diffèrent en forme et en couleur, elles veulent toutes dire la même chose !

À quoi servent ces plaques ?

Si vous avez réalisé une visite dans le quartier du Gótico avec nous, vous le savez déjà !

Pour comprendre leur utilité, il faut remonter le temps et se plonger dans l’histoire de Barcelone. Bien avant que l’on commence à organiser la structure urbaine de la capitale catalane, les rues ne n’avaient pas de nom propre, on les désignait par des noms que les habitants leur avaient spontanément donnés, suivant le propriétaire, un élément remarquable de la rue, un type de commerce particulier etc. C’est seulement en 1770 qu’on commence à leur donner un nom officiel, que l’on va afficher sur une plaque de céramique fixée à l’entrée.

Côté transports, en 1818, le premier service de diligences est créé en Espagne et c’est à Barcelone qu’il va naître : c’est le début des transports en commun !

Quelques dizaines d’années plus tard, au milieu du XIXe, la ville est en pleine ébullition : la révolution industrielle est à l’œuvre et les usines s’installent petit à petit intramuros. De nombreux migrants viennent travailler dans ces fabriques, promesses d’un travail pour subsister aux besoins de la famille.

Petit à petit, la circulation des hommes et des marchandises devient telle que pour éviter les congestions et faciliter les déplacements, les autorités décident d’organiser un sens de circulation dans la ville. Nos plaques deviennent donc des indications sur comment prendre une rue : la plaque « entrada » indique qu’on se trouve à l’entrée de la rue. On peut donc y entrer dans le sens indiqué par le bras du personnage. En revanche, si les cochers et muletiers de l’époque se trouvaient face à une plaque « salida » (« sortie ») alors ils ne pouvaient pas s’engager dans la rue à cet endroit car ils risquaient de se trouver nez à nez avec une autre calèche ou charrette. Et faire une marche arrière avec des chevaux, ça n’est pas simple ! Si l’on transpose ce système avec nos panneaux d’aujourd’hui, « entrada » serait la flèche blanche sur fond bleu, « salida« , un sens interdit.

À ce système s’ajoutait une série de règles mises en place dès 1857 :

  • Les conducteurs de véhicules à cheval devait être âgés de 16 ans minimum.
  • Obligation de descendre du véhicule dans les rues étroites.
  • Circulation de nuit interdite
  • Chaque véhicule devait être doté d’une clochette ou les animaux devaient avoir des grelots pour signaler leur présence.
  • Les véhicules devaient être tractés par un animal seulement.
  • Les diligences (transport en commun) avaient interdiction de stationner sur les trottoirs, de prendre plus de passagers que la capacité maximum autorisée. Les passagers devaient d’ailleurs s’acquitter du montant du trajet avant de monter à bord. Les diligences devaient obtenir un permis de circuler et être inscrites dans le registre. Le numéro d’inscription était affiché par une petite plaque de métal sur le véhicule, faisant office de plaque d’immatriculation.

Aujourd’hui, lorsqu’on se promène tranquillement dans ces charmantes petites rues du centre historique, il est difficile d’imaginer qu’il n’y a pas encore si longtemps, l’atmosphère y était remplie des sons des cloches, des grelots, du bruit des sabots et de l’odeur du crottin de cheval…

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